Mercredi 7 janvier -Dimanche 18 janvier, deux dates !

Comme des millions de gens,je suis allée place de la République cet après-midi. 

La décision d'y aller n'était pas évidente,mais mon choix était fait.

Dimanche j'étais Gege en soutien à Charlie.Et non pas "je suis Charlie,je suis bla-bla-bla "

Tous les soirs,malgré la suite des événements,je me change les idées en me balladant dans mon petit 15e,en plus c'est la période des soldes alors la vie continue.(La mienne ne s'est pas arrêtée en tous cas).

Samedi j'ai cogité toute seule.Est ce que je fait le bon choix?N'est-ce pas plus prudent de ne pas y aller? En début d'après midi un SMS d'une connaissance qui se veut bienveillante me prévient d'éviter les lieux publics.

Je cogite encore plus.Je sens la peur monter dans ma chaire,affaiblissant un peu plus mon esprit.Il est 20H,ma décision est prise malgré les commentaires des médias qui depuis mercredi soir,tous supports confondus nous inondent d'infos à répétition,je suis en colère que tout cela me perturbe autant, me rende si peureuse,si terrifiée,fragile même,mais mon lieu de travail,mon jardin d'enfants se trouve là tout près du lieu de la fusillade de Montrouge ,à quelques rues. J'essaie de garder lucidité et rationalité:que faire pour ne pas être envahie par la peur.Mon corps me le fait sentir,je suis fébrile,il faut que ça s'arrète!

Aucun coup de fil de la famille ce jour là,juste des SMS des copines...quand même ! Puis le lendemain, mon frère qui prend de mes nouvelles,OUF que ça fait du bien. Mais qu'est ce que j'ai chialé!

Alors oui,dimanche, j'ai marché pour la liberté, ma liberté,pour l'affirmer, plus que jamais, pour me la réaffirmer à moi même,pour ne pas que la terreur me gagne . 

Dimanche,je n'ai pas marché pour mes enfants,je n'en ai pas. Je n'ai pas marché pour ma famille,elle s'en fou.

J'ai marché pour moi, pour me dire: j' y étais, malgré ma peur, malgré les risques et malgré ce que pensent les autres.

J'ai marché pour que mon corps ressente le froid, la fatigue,pour que mon corps imprime en lui-même ce refus de se laisser submerger par la terreur et la résignation.

N'empêche cette marche,j'en ai conscience,c'était autre chose qu'une simple marche pour la liberté. 

(Récupération politique,propagande et que sais-je encore ...)